Lettre aux professeurs de lycées et collèges,

 

et plus précisément aux professeurs de philosophie, de français, de théâtre ou responsables de CDI ou CPE.

et plus précisément aux professeurs de philosophie, de français, de théâtre ou responsables de CDI ou CPE.

Qu'il est parfois difficile de faire réfléchir les élèves ! Vous le savez mieux que quiconque, mais vous savez également qu'en trouvant le bon moyen d'intéresser, de motiver, alors des portes s'ouvrent.

C'est pourquoi, en tant que scénariste de cette BD, j'ai voulu mener à bien ce projet : « donner un support de débat ».

Alors, oui, je sais, ce thème de « la radicalité » et par extension « des radicalisations », est un sujet qui fait peur. Le personnel enseignant se demande s'il ne va pas se faire « casser la gueule » par un excité ou par ses parents. Si ce n'est la direction, qui elle, ne veut surtout pas faire de vagues.

Mais le sujet est à aborder car vous êtes la clé pour éviter le chaos. Et cette BD le permet car elle ne prend pas position sur « le bien le mal », et laisse chacun penser ce qu'il veut. (voir plus loin les sujets abordés).

 

Alors comment aborder le sujet avec le moins de prises de tête possible ?

D'abord, l'interface :

avec une BD on a un support moins « repoussant » qu'un « livre sans image ». Une BD « c'est pas sérieux ! », dédramatisons ! Mais une BD n'empêche pas d'aller au cœur de problématiques... Le texte y est concentré. Et cette BD pourra ensuite permettre de faire le lien avec des lectures (sans images) plus poussées (même si le nombre de livres qui parlent de ces sujets est finalement peu élevé) – Soyez curieux ! Regardez notre façon d'aborder tout cela ! :)

Ensuite, la façon d'aborder le thème :

- doit-on entrer dans le sujet avec l'actualité ?
Ce n'est pas ce que fait la BD car une actualité est toujours trop chargée en émotions.

- Doit-on parler d'une radicalisation en particulier ?
Surtout pas !
Là aussi, trop d'émotions, de haine, de sentiments d'injustice.

- Doit-on parler d'interprétation de textes religieux ?
Surtout pas non plus,
car il faut un savoir très pointu et impossible à réunir si on doit parler de toutes les religions pratiquées dans la société humaine.

- Doit-on imposer à l'autre une pensée, comme un copier/coller ?
Surement pas,

ça ne marche jamais surtout avec des adolescents qui disent « non » par réflexe, avant d'avoir réfléchi longuement.

 

Alors comment cette BD aborde le thème complexe de la radicalité ?

D'une façon totalement inédite, en abordant ce qui nourrit les radicalités (quelles qu'elles soient) :

- la notion de pureté,
- la place de la femme,
- la notion de pouvoir,
- les dieux à travers les millénaires,
- le culte de la personnalité qui mène à l'extrémisme,
- qu'est-ce que la radicalité ? Où commence-t-elle ?
- Radicalité veut dire "racine", qu'est-ce que ça implique ?
- etc.

Mais ce n'est pas une encyclopédie de 3000 pages ! Cette BD aborde de nombreux thèmes, à chacun d'approfondir un des thèmes suivant les motivations.

 

 

 

Est-ce que les débats déjà organisés dans les collèges et lycées avec les auteurs de cette BD se sont bien passés ?

 

La réponse est « oui » !

Que ce soit en petit groupe de discussion au sein d'un café philo,

ou avec plusieurs classes réunies en même temps.

Il faut avoir confiance en l'intelligence des élèves et la capacité des enseignants à recadrer sereinement les choses.

Exemple de thème abordé :
« L'influence de l'isolement »

Bien souvent à la base des radicalisations, il y a un repli sur soi. L'individu éprouve une frustration de ne pas trouver les mots ou les moyens, un fort sentiment d'injustice se développe. Et même lorsqu'il y a discussion au sein d'un groupe, si ce groupe ne fait qu'un, n'a qu'un seul discours et rejette ce qui vient de l'extérieur, rejette ce qui est différent, l'isolement est bien là.
Et un élève m'a demandé :
« dans votre BD, c'est pourtant lorsque le prisonnier est à l'isolement qu'il y a un basculement vers un élargissement de la pensée. Alors, l'isolement est-il bon ou mauvais ? »
Et on a pu développer l'idée qu'un isolement pour tourner en rond de façon obsessionnelle, ce n'est pas bon. Le cerveau s'ennuie, s'assèche faute de données nouvelles. Mais un isolement avec un apport de points de vue différents, avec un temps pour se concentrer loin du stress (de la promiscuité des cellules surpeuplées, de l'image qu'on doit donner aux autres, de la contrainte d'une vie en société, etc) peut permettre de s'ouvrir, d'avoir soif de nouveauté. Surtout si avant il y a un « défoulement », comme dans l'histoire racontée.

 

En conclusion, le déradicaliseur est là pour transformer les « ! » en « ? ».

 

Qui a peur d'un « ? » faisant réfléchir sereinement ?

Je refuse de croire que les professeurs et cadres de l'enseignement aient peur de cela. (Mais je comprends évidemment la peur des vagues car trop souvent on oublie de respirer, de relativiser, mais les problèmes existentiels de certains élèves ne doivent pas les empêcher de s'exprimer aussi en ayant respiré profondément avant et leur dire que la puissance est dans la connaissance, pas dans les peurs ou la violence, cela aide.)C'est ça,

Alors organisez des débats autour de cette BD !
Des rencontres peuvent se faire par visioconférences.
La radicalité, si on ne s'occupe pas d'elle, c'est elle qui s'occupe de nous... :)

Compléments d'informations, articles sur :

 

Rue89,

Les potins d'Angel,

Le petit bulletin,

Un blogueur pertinant (Tonio).

Interview des auteurs ici.